Fronton Maison du Peuple, Nancy, 1902
La maison du Peuple remplit plusieurs fonctions : on peut lire ou emprunter des livres à la bibliothèque, faire du sport, s’initier à la langue allemande, apprendre la photographie ou le solfège.
On peut également consulter gratuitement un médecin ou un juriste. Des conférences sont organisées régulièrement sur des sujets d’actualité (antisémitisme, les lois récentes), mais aussi sur des thèmes de culture générale (sciences, géographie, justice). Le dimanche ont lieu des sorties à la campagne, dont Gallé est l’un des animateurs ; il peut ainsi partager sa passion pour la botanique et la nature en général. Il donne également des conférences sur l’histoire de l’art et présente certaines de ses pièces.
Il apparaît comme l’un des piliers de la maison du Peuple, encourageant ses collaborateurs à y adhérer.
L’ENGAGEMENT SOCIAL DE GALLE
Dans le sillage de l’affaire Dreyfus, Gallé s’engage en faveur de l’Université populaire de Nancy. La création de ces universités, présentes sur tout le territoire à l’époque, correspond à une vision humaniste de la société. Gallé, comme nombre de syndicalistes, universitaires, médecins ou chefs d’entreprise, veut apporter la culture aux ouvriers pour leur éviter le piège de la démagogie et du populisme. Il s’agit autant d’un idéal moral (une humanité meilleure) que politique (asseoir le sentiment républicain et faire en sorte que les ouvriers soient de véritables citoyens).
L’Université populaire est créée en 1899 et installée, au début du siècle, au 2 rue Drouin, à la maison du Peuple. Elle est édifiée sous l’impulsion de Charles Keller qui milite pour la condition ouvrière. Financée par Keller, la construction est conduite par l’architecte Paul Charbonnier, qui fait appel à Eugène Vallin pour les menuiseries et à Victor Prouvé pour les sculptures. Ces dernières représentent un forgeron et une allégorie de la Pensée Libre, symbolisant la montée en force des ouvriers.
un film documentaire de 65 mn
AU-DELA DE L’ENGAGEMENT DREYFUSARD, UN CITOYEN ENGAGE POUR LA DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME
C’est dans le contexte de l’affaire Dreyfus qu’est créée la section nancéienne de la Ligue des droits de l’Homme, dont Gallé est l’un des initiateurs. Il est également le trésorier et sa femme, Henriette Gallé, lui succède après sa mort en 1904. La présidence est assurée par Charles Keller, cousin d’Henriette Gallé.
La fondation de la Ligue des droits de l’Homme repose sur une volonté d’étendre l’activité militante à d’autres victimes de l’injustice et de l’arbitraire. Les valeurs de droit, de vérité et de justice sont donc communes aux membres de la Ligue des droits de l’Homme. C’est dans cet esprit, conformément à l’héritage de 1789 que sont rédigés les statuts de la Ligue des droits de l’Homme en 1898. Si au départ la Ligue des droits de l’Homme ne semble qu’un rassemblement de dreyfusards, elle recueille au fil des années un nombre croissant d’adhérents (800 en 1898, 4500 en janvier 1899, 12 000 en décembre 1899). C’est dans ce mouvement que la section de Nancy est créée. On ignore pratiquement tout sur l’action et le rôle de Gallé au sein de l’association, faute d’archives. Son engagement nous est cependant connu par le biais d’un secrétaire dédié à sa femme ; l’inscription incrustée illustre les principes au nom desquels Gallé se bat et rappelle son rôle dans la Ligue :
« A ma brave femme, Henriette Gallé, en mémoire des luttes patriotiques pour les principes
d’humanité, de justice et de liberté. Mai 1899. Émile Gallé, trésorier de la Ligue française pour la
défense des droits de l’Homme et du citoyen. »