Sous les Gallé, la fièvre...

un film documentaire de 65 mn
Le martyre de l'Irlande
 
En 1800, le Premier ministre William Pitt fait voter l’Acte d’union avec l’Angleterre,
et le 1er janvier 1801, l’Irlande est officiellement rattachée à la Grande-Bretagne
(avec une représentation au Parlement) ; l’Union Jack devient le drapeau du Royaume-Uni.
Alors que la guerre contre Napoléon reprend,
le soulèvement du chef nationaliste ROBERT EMMET en juillet 1803 est un échec,
il est capturé et exécuté.
La grande famine de 1846/48 provoque une émigration massive vers les États-Unis.
L’opposition politique contre l’Angleterre menée par Michael Davitt et CHARLES STUART PARNELL (1846-1891), surnommé "le roi sans couronne d'Irlande",
pour imposer la « Home Rule » (autonomie) avec l’appui de Gladstone n’aboutit pas
et suscite la création du mouvement nationaliste du Sinn Fein en 1900.
Le vase « Dragon et pélican » est en partie inspiré d’une gravure d’Hokusai, publiée au Japon en 1838 et reproduite en 1883 dans la revue L’Art japonais de Louis Gonse et que possédait Gallé. Elle illustre la légende d’Urashima Taro, un pêcheur qui est tombé amoureux d’Otohime, la fille d’un dragon de la mer. Après la naissance de son premier enfant, Urashima Taro voit en rêve la réalité, c’est-à-dire Otohime en dragon. Hokusaï a représenté Otohime, non pas en dragon, mais sous la forme d’un oiseau en référence à un conte du XIVe siécle, et Urashima Taro en soldat s’apprêtant à abattre l’oiseau de sa lance.
Sur le vase Dragon et pélican, Gallé a remplacé le soldat par un monstre menaçant et donné une allure pacifique à l’oiseau qui est devenu un pélican. Gallé, en inversant les rôles, a ainsi suivi Hokusaï qui avait lui-même modifié le sens du conte du XIVe siécle.
Des cinq exemplaires connus de cette œuvre, seul l’original du Musée national d’Irlande, possède des inscriptions apposées sur le corps du vase :
« Ce chant est de vil espoir, mystère, amour, effort. »
Th. de Banville.
 
« Je dis le chant plaintif des âmes prisonnières.
Et des monstres fuyant le jour en leurs tanières.
L’œuvre irlandaise est signée et dédicacée sur le fond :
Aux patriotes, à W. O’Brien et sa compagne. »
Émile Gallé fecit. Nancy. Déc. 1890.
 

Cette œuvre est dédiée à William O’Brien, héros de la lutte irlandaise contre les Anglais et à son épouse, Sophie Raffalovitch, qui est ainsi assimilée à Otohime. Elle est aussi dédiée à l’Irlande tout entière dont le symbole, le trèfle, est gravé sur l’autre face. En signe d’espoir, Gallé a représenté un trèfle à quatre feuilles.
Le pélican, symbole du Christ donnant son sang pour sauver les hommes, représente les Irlandais prêts à mourir pour l’indépendance de leur pays ; l’Angleterre est représentée sous forme d’un monstre effrayant, dont les ailes déployées et les griffes emprisonnent le pélican, autrement dit l’Irlande. Le monstre anglais reste tapi dans l’obscurité, tandis que le pélican s’élève dans la lumière.
"Dragon et pélican"
Le vase « Dragon et pélican» montre un pélican aux prises avec un ptérodactyle.
Le contraste entre la laideur repoussante des uns et la grâce aérienne des autres se veut symbole de la lutte des forces du bien et du mal.

Irlande